Une longue nuit d'hiver venait de commencer. Ne sachant pas où aller, je m'abritai dans une Taverne, comme beaucoup de gens. Une ambiance chaleureuse se dégageait, les uns chantaient, d'autres riaient aux éclats, et les quelques personnes restantes, dont moi-même, se saoulaient de bière fortement alcoolisée. Malgré les apparences, je pouvais boire et boire de l'alcool se que rien ne m'arrive. Mais aujourd'hui les dieux en avaient décidé autrement. Une fois que j’eus fini mon premier verre en dansant sur la table, ma vision se troubla et je m'écroulai sur la table m’endormant aussitôt. Et cette maudite journée me revint peu à peu en tête, pour hanter de nouveau mes rêves. Il s'agissait de la journée où les dieux décidèrent de me punir en me transformant en lutin, pour des actes qui, à leurs yeux, étaient impardonnables.
J'étais à l'époque un Homme sauvage, en guerre contre les olympiens. Nos deux peuples ne s'appréciaient vraiment point, à cette époque. Chacun des deux peuples commettait des actes horribles. Certains envoyaient des femmes et des enfants au combat, afin de prêter main forte aux hommes, d'autres s'amusaient à brûler vifs des gens, les gens qui battaient en retraite étaient tués pour avoir désobéi au règlement qui disait de se battre jusqu'à la mort et de ne pas fuir devant l'ennemi... Tout cela dépassait mon imagination, comme la plupart de mes frères et sœurs, mais personne n'avait le choix, et tous devaient accomplir les missions qui leurs avaient été attribués. Pour rassurer le peule des Hs, qui avait peur de voir apparaître les dieux aux cotés de leurs ennemis, ma mission consistait à aller détruire les fameuses statues de Lardanuim, dédiées aux dieux afin que les olympiens perdent leurs faveurs. Au début, tout s'était bien déroulé. J'avais eu de grandes difficultés à pénétrer dans ce lieu, je ne pouvais agir que de nuit, afin de ne pas me faire repérer. La première nuit, je dû lancer des centaines de petits dards contre une des murailles de la cité, pour faire un trou assez suffisant pour m'y faufiler. J'eus beaucoup de chance, j'étais dans le jardin royal, qui ne se trouvait plus très loin du temple, d'où ressortait la statue prioritaire. Mais après cette épreuve, qui m'avait demandé d'énormes efforts, et la lumière revenant, je montai dans un des immenses arbres du jardin. Mon corps poilu ressemblait quelque peu aux branches de l'arbre, de plus les grandes feuilles vertes et mon corps étaient en harmonie, je n'étais donc plus visible qu'à très courte distance. J'y passai toute la journée à attendre le retour de la nuit, tout en observant les alentours. A la nuit tombée, j'avais appris presque par cœur les mouvements des patrouilles qui surveillaient le temple. Alors, avec mon agilité, entrer dans ce temple fut pour moi un jeu d'enfant, d’autant plus que, le temple étant un lieu sacré, et vu l'heure tardive, les moines étaient visiblement tous couchés. Je commençai mon travail, je jetai mes sorts les plus puissants afin de détruire un maximum de la statue avant que quelqu'un ne se rende compte de ma présence. J'avais bien sûr commencé par la statue de Zeus, le dieu le plus craint par mon peuple. La statue se dégradait peu à peu jusqu'à que l'un des bras ne commence à se fissurer. Les craquements se faisaient de plus en plus entendre et, au bout d'un moment, des gardes pénétrèrent dans le lieu attaqué. Ils se dirigèrent le plus vite possible vers l'endroit d'où provenaient les dards et aiguillons. Alors que les ombres des premiers gardes commençaient à apparaître, la main de Zeus s'écroula, laissant jaillir une immense lumière blanche qui m'envahit. Mes forces m’abandonnèrent, et je perdis aussitôt conscience, sans savoir se qu'il m'arrivait.
A mon réveil, le soleil était au rendez-vous. Je me rendis assez vite compte que la garde ne m'avait pas arrêté, et que je me trouvais en dehors de la cité, donc assez loin du lieu duquel j'avais lancé mes sorts pour détruire la statue. J’étais donc loin du danger. Lorsque je me relevai, je me demandai où j'étais passé... Tout cela paraissait très bizarre. Je regardai de gauche à droite, et je m'aperçus que je n'étais pas plus grand que trois pommes : mon corps entier avait rétréci. Croyant que c'était une simple illusion, je courus jusqu'a la première flaque d'eau, et y découvrit que cette lumière qui m'avait envahi n'était rien d'autre qu'un sort de Zeus lui-même, pour faire de moi un... un lutin. Je me regardai dans l'eau, n'en croyant pas mes yeux... Mais cela répondait à mes questions, je n'étais plus dans la cité car Zeus, tout en me transformant, m'avait téléporté, afin que je puisse vivre avec ce lourd châtiment. Lorsque je revins à Luminae, mon peuple ne me reconnu point et éclatait de rire lorsque je leur dévoilais mon identité. Personne ne savait que les dieux avaient la possibilité de punir ceux qui les ridiculisaient.
Maintenant que la guerre entre les deux peuples a pris fin, je vadrouille, seul, de plaine en plaine, essayant de me refaire une vie, et de retrouver des têtes qui me reconnaîtront. Je pus remarquer que tous les efforts que j'avais fourni ne servirent à rien : la statue de Zeus que j'avais détruite avait été reconstruite de façon encore plus imposante qu'auparavant. Pour autant, je n'avais pas récupéré ma forme d'Homme Sauvage, ce qui me mis en tête que je porterais cette malédiction toute ma vie. J'ai appris, entre temps, à ne pas avoir honte de moi-même, et que la vie de lutin n'avait pas que des désavantages, mais cachait également de nombreux avantages, que je garderai secrets